Mise à jour le lundi 6 février 2023 à 09h51
« Le Monde » vous convie à un grand voyage dans la littérature française et internationale à travers une sélection de 100 livres. Sélection des 100 romans qui ont le plus enthousiasmé « Le Monde » depuis 1944.
Un grand voyage dans la littérature française et internationale à travers une sélection de 100 livres
Tiphaine Samoyault, dans l’entretien qu’elle accorde au Monde, résume en une phrase cette sélection : « Cette liste a aussi la beauté des listes, celle des cohabitations improbables, des bons et des mauvais voisinages, et puis surtout des manques, un manque pour chacun ou chacune qui lit la liste. C’est d’abord ce que l’on aime dans les listes, repérer ce qui manque, “pour moi”. » En partenariat avec Le Monde, Dicocitations propose, à partir de chaque page auteur (biographie et première page des citations) ainsi que de l'oeuvre sélectionnée, un lien pour que vous puissiez lire la critique littéraire. Près de 100 romans ont un lien vers la critique du Monde. soit 100 % de la sélection.
Liste des 100 romans qui ont le plus enthousiasmé « Le Monde » depuis 1944.
L’indifférent Aurélien n’a jamais aimé, ce qui n’empêche pas d’avoir beaucoup de femmes. Il en rencontrera une pourtant, une provinciale de passage, qui ne ressemble à aucune autre. Aragon excelle à peindre ce Paris de l’entre-deux-guerres.
Ce livre apporte un éclairage sur les mystérieux procès de Moscou où l’on put s’étonner de voir les inculpés reconnaître publiquement leurs torts à l’égard du Parti communiste et trouver juste et mérité leur châtiment
Le romancier nous fait assister à l’ascension bourgeoise des descendants d’un fonctionnaire de l’Empire. L’aïeul, le père, les enfants, les brus, les petits-enfants vivent sous nos yeux, animés du même génie héréditaire, occupés de leur seule fortune.
Tout entier commandé par la préoccupation particulièrement protestante du conflit de la pureté et du péché dans l’âme d’un jeune puritain, ce roman émouvant, serré, sans bavure est un grand livre.
Cet ultime volet de l’œuvre en huit tomes explique superbement son titre, « La mort est un commencement ».
Le romancier ne nous épargne rien dans cet épouvantable drame familial, dont tous les personnages sont dans l’abjection comme dans leur élément vital.
Dans un style obscur et magnifique, Julien Gracq dépeint un Etat sclérosé, précipité dans le chaos après l’arrivée d’un jeune homme.
Dans ce roman à la première personne, la romancière joue si bien le jeu de l’autobiographie qu’on croirait parfois lire une traduction du latin.
L’auteur signe son œuvre la plus authentique, la plus profonde et aussi la plus catholique.
D’un côté, « Léon Morin, prêtre », récit d’une conversion sur fond de tentation. De l’autre, « Larmes et Lumière à Oradour », enquête spirituelle autour des victimes d’un massacre.
Tout semble fade après la lecture de ce livre, écrit par une jeune fille de 18 ans, probablement très pure, mais d’imagination inventive.
Avec beaucoup de talent, Kazantzaki a doté Zorba d’une bonhomie naturelle, d’une souriante philosophie de la vie, qui font défaut aux aigris.
Malgré un système d’écriture pesant fondé sur la répétition et la peinture obsédante des choses, l’écrivain se révèle un psychologue hors pair. Il signe un des romans les plus importants de l’année.
Vaste fresque sur fond de guerre civile, le roman-fleuve de Boris Pasternak n’a rien d’un réquisitoire contre le régime. Il a pourtant été censuré en URSS.
Faconde merveilleuse, fraîcheur de son cœur et drôlerie : Marcel Pagnol n’a jusqu’ici rien fait de mieux que ce récit de ses souvenirs d’enfance en forme d’hagiographie filiale.
Récit des épreuves d’une famille juive et de l’héroïque essai de résistance de l’un des siens dans l’Allemagne nazie, le livre d’André Schwarz-Bart, au style sans délicatesse, est porté par un souffle extraordinaire.
Dans ce livre d’inspiration autobiographique, le lauréat du prix Goncourt 1956 met en scène l’amour débordant de sa mère. Si outrageant que l’on peine à y croire, mais envoûtant et sublime.
C’est le propre des chefs-d’œuvre littéraires que de rester non pas inconnus mais souvent hors de portée, de heurter la logique et les habitudes. Ce livre ne fut reconnu largement qu’après la mort de son auteur.
Pour Salinger, l’enfance est l’âge de la rigueur, de la vérité, de l’intransigeance, hors desquelles il n’y a ni vie ni joie.
A travers l’histoire d’un homme vivant retranché du monde, dans une villa au bord de la mer, le jeune écrivain impose sa perception décalée du monde.
Dans ce livre autobiographique, le philosophe et écrivain revient sur son enfance bourgeoise et les croyances dont il a dû s’affranchir pour atteindre l’individu en lui. Un essai écrit d’une belle plume.
L’auteur peint sans artifice et dans un style d’une rare perfection le meurtre d’une famille de fermiers de l’Amérique profonde.
C’est le livre fondateur de la littérature algérienne moderne. L’auteur y mèle plusieurs formes narratives et rappelle son attachement à sa terre natale, partagé par tous les exilés, auxquels il rend ici hommage.
Ce « Faust » soviétique, rédigé entre 1929 et la mort de son auteur, en 1940, aura mis près de trois décennies à être traduit en français.
Mêlant tous les genres littéraires, l’auteur surdoué de ce livre pavé retrace l’enquête menée par un beatnik new-yorkais sur la mort de son père, agent secret, à Florence...
En même temps que son héros, un chasseur d’insectes pris dans des sables étouffants, ce livre plonge le lecteur dans les abîmes de la condition humaine, faite d’illusions… et de désespérance.
Phare de la littérature latino-américaine, le chef-d’œuvre de l’auteur colombien juxtapose cadre historique et géographique, références socio-culturelles vraisemblables et motifs surnaturels.
300 pages d’introduction et 700 de plus pour une histoire d’amour ultime. Avec ce livre, Albert Cohen prouve que le travail de l’écrivain consiste à remuer de la vie, de la passion, des idées…
Un général italien parcourt l’Albanie à la recherche des restes des combattants tombés pendant la seconde guerre mondiale. Un livre satire qui a révélé Ismail Kadaré à la France vingt ans avant qu’il y trouve refuge.
En 1936, le journaliste, accompagné par le photographe Walker Evans, partait vivre « en immersion » dans trois familles de Blancs pauvres de l’Alabama. Ils en sont revenus avec un livre hommage éblouissant.
Cet « essai d’investigation littéraire » a coûté au dissident soviétique sa nationalité et l’a forcé à l’exil. Etude monumentale d’un système pénitentiaire, le livre communique la vérité, à première vue incommunicable, sur les aberrations criminelles du XXe siècle et de ses idéologies totalitaires.
La lutte, contre le chaos, contre la fuite, l’éparpillement, est au centre de ce roman complexe de Doris Lessing. Elle peint le portrait puissant d’une femme en quête de sa propre identité, personnelle et politique.
Avec un souffle exceptionnel, l’auteure italienne fait revivre les horreurs de la guerre dans une fresque à la fois historique et populaire. Un livre éblouissant.
Une somme, une fresque, un puzzle : à travers la description d’un immeuble, de ses habitants comme des objets qui les entourent, le romancier définit la vie et comme on peut la vivre… Ou la subir.
Le seul livre du Suisse-Allemand est aussi un chef-d’œuvre. Il y témoigne d’une vie, la sienne, rongée par le conformisme de son milieu social et familial, avant qu’un cancer l’éteigne.
Quand la mort n’est pas pire que la vie… Avec ce livre, ensemble de récits sur les camps staliniens, l’auteur, un rescapé, démontre que témoignage historique et littérature sont compatibles.
L’ultime roman du Japonais annonce ses retrouvailles avec les morts. Dans ce livre désenchanté, il est question de l’amour, du temps, perdu et impossible à rattraper. Un temps orphelin, comme l’auteur.
Inséparable du « Discours antillais » de l’auteur, ce livre porte non seulement les questionnements du Martiniquais sur ses origines, mais il le place aussi parmi les écrivains majeurs de son siècle.
Dans ce roman policier historique, Umberto Eco parvient à mêler une enquête captivante et une fine analyse des tourments qui agitèrent la chrétienté au XIVe siècle.
Se présentant comme un manifeste antiféministes, ce livre est avant tout l’hymne à la liberté d’un Don Juan plongé dans l’enfer d’une société qui serait dominée par les femmes.
Dans son treizième roman publié en français, l’écrivaine et philosophe britannique pointe à nouveau l’absurdité du comportement humain. Un livre teinté d’humour et de légèreté qui n’entament pas la profondeur du propos.
Avec son deuxième livre, Salman Rushdie embarquait le lecteur dans l’Inde qui l’avait vu naître trente-cinq ans plus tôt. Un petit chef-d’œuvre, déjà, cinq ans avant que ses « Versets sataniques » contraignent l’écrivain à l’exil.
Le manuscrit avait été saisi par le KGB au domicile de son auteur, mais une copie a pu être exfiltrée par un dissident. Démonstration implacable des horreurs du stalinisme, cette œuvre majeure est LE roman russe du XXe siècle.
Dans ce livre qui tient autant du roman que de l’essai, l’écrivain tchèque naturalisé français revient sur l’invasion de Prague par les Soviétiques, en 1968, et dit de quelle manière les destins en sont, nécessairement, affectés.
Dans une langue pointilliste, colorée et odorante, Pierre Michon dresse le portrait de ses aïeux, et nous offre chaque fois le plaisir d’une rencontre et la jouissance de la « belle langue ».
L’auteur de « Barrage contre le Pacifique » puise à nouveau dans sa jeunesse indochinoise, qu’elle change en épopée.
L’auteur d’« Au bonheur des ogres » livre un polar inclassable, mâtiné de conte enfantin. Avec un antihéros, Benjamin Malaussène, emblématique du nouveau roman noir.
Dans une langue admirable, « L’Ancêtre », de Juan José Saer, ressuscite une civilisation perdue.
L’auteur dissèque sans complaisance la figure paternelle et convoque les fantômes de son passé. Poignant et inoubliable.
Ce livre raconte une histoire abominable, celle de l’autodestruction d’une fille qui s’identifie à sa mère, prostituée assassinée par son amant et beau-frère. Mais l’univers mental et la poésie de Laura Kasischke fascinent.
Dans ce livre, Christine Angot raconte une aventure homosexuelle avec une pneumologue qui dure trois mois. Cet amour a existé. Mais ce qui scandalise ici excède toute affaire d’« atteinte à la vie privée ».
Autobiographie et fiction, passé et présent se mêlent dans cet ouvrage fascinant.
Le livre dans lequel Emmanuel Carrère a mis le meilleur de tous ses autres livres, comme s’il n’avait écrit jusqu’à présent que pour en arriver enfin là : à ce point de rencontre de l’écriture avec lui-même.
Par le biais de son héros et narrateur, Kourouma reprend les effets comiques du schéma picaresque de l’errance auxquels il mêle quelque chose d’obsessionnel, comme si l’enfant-soldat était certain de parler dans le vide d’une réalité trop monstrueuse pour être crédible.
Dans ce livre consacré à Marilyn Monroe, l’auteure américaine donne moins une biographie de la star que le roman de la femme telle qu’elle l’a imaginée et recréée.
Ce livre d’une étonnante maturité brosse un tableau terriblement drôle de l’Angleterre de la fin du XXe siècle, à travers les contradictions de ses immigrés.
Jean Améry, Margarete Buber-Neumann, Primo Levi, Milena Jesenska, Evguenia Guinzbourg et tant d’autres sont les héros de « Séfarade », magnifique roman sur la persécution et le bannissement.
« L’amour, roman » est l’envers du précédent livre de Camille Laurens, « Dans ces bras-là », et La Rochefoucauld tient ici un rôle central et fédérateur.
A travers l’histoire d’un jeune homme qui lui ressemble, l’auteur dépeint sans états d’âme l’Afrique du Sud des années 1960. Et l’apartheid, qu’il décrit comme une « blessure » toujours vive.
Derrière l'itinéraire personnel de l'écrivain, né à Jérusalem en 1939, il y a la trajectoire de tout un peuple. Fils de cette histoire, il se veut la pièce parlante d'un puzzle terriblement compliqué.
Ce conte philosophique autour d’un chevalier du Moyen Age est un divertissement réussi.
Après avoir résolu « L’Affaire Jane Eyre », le détective Thursday Next est confronté dans « Délivrez-moi ! » à la réapparition de « Cardenio », une pièce de Shakespeare. Un chef-d’œuvre d’humour et de loufoquerie.
Shanghaï, Pékin, l’île d’Elbe. Jean-Philippe Toussaint se joue de l’espace, resserre le temps, croise les hasards et les sentiments. Il démontre surtout, à nouveau, son art de rendre le monde à sa densité, à ses mystères, à sa contingence.
L’histoire utopique et sans illusion d’une jeune anthropologue américaine en voyage au Botswana.
Le romancier est l'auteur d'une vertigineuse enquête sur les membres de sa famille exterminés par les nazis.
Avec ce « roman total » qui mûrissait depuis plus de trente ans, l’auteur de « Passion simple » rassemble de façon magistrale toutes ses mémoires.
Quand le romancier tire une fresque apocalyptique d’un sanglant fait divers mexicain.
Dans « Brothers », l’écrivain chinois voulait rendre compte d’une expérience sans équivalent : le passage de Mao à Hu Jintao, en une seule génération.
Il y a quelque chose de troublant à ouvrir cet ouvrage de l’écrivain israélien. Celui qui a sauvé sans sauver, 600 pages serrées, magnifiquement traduites, à la fois hommage et tombeau, hymne à la vie et oratorio de la douleur.
Avec « Le Sermon sur la chute de Rome », l’écrivain fait d’un bar corse la scène d’un superbe roman sur les espérances déçues. Noir et caustique.
Dans « Heureux les heureux », la romancière et dramaturge, au sommet de son art, met en scène une petite troupe de personnages en guerre contre leur vie même, et que seul l’humour soutient.
Biélorusse née soviétique, elle a recueilli la parole des soldats de la guerre en Afghanistan ou des victimes de Tchernobyl. Avec « La Fin de l’homme rouge », elle dresse un magnifique tombeau littéraire de l’URSS.
Le détenteur malgré lui d'un fameux tableau hollandais, et ses aventures, inspirent à l'Américaine « Le Chardonneret », un gros roman envoûtant.
Dans « Une enfance de rêve », l’écrivaine raconte ses jeunes années et éclaire ainsi notre vie à tous. Un chef-d’œuvre.
Le Puits » est une fable qui s’incarne si concrètement que sa lecture constitue une épreuve physique : la suffocation et le dégoût sont les sensations dominantes, et pourtant, ce livre est un enchantement.
Précis, drôle et sans concession Virginie Despentes, colère intacte.
La romancière brosse un portrait des Etats-Unis et de ses minorités noires d’une férocité et d’une tendresse inouïes. A rebours des clichés, elle croque aussi avec délice les contradictions de la société nigériane et de sa diaspora.
L’auteur des « Vestiges du jour » emprunte aujourd’hui aux codes de la fantasy pour raconter une passion que rien, ni l’âge ni l’oubli, ne peut altérer. C’est le merveilleux « Géant enfoui ».
Philippe Lançon, miraculé de l’attentat contre « Charlie Hebdo », raconte dans « Le Lambeau » ce qu’il a vécu depuis janvier 2015. Magistral.
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